Robert Wilson « The night before the day » à ESPACE MURAILLE

Robert Wilson est un créateur plasticien américain, né en 1941. Ses œuvres sont fortement inspirées du théâtre japonais, ce qui le qualifie d’artiste envoûtant. Selon le New York Times, « Robert Wilson est une figure imposante dans le monde du théâtre expérimental et un explorateur de l’utilisation du temps et de l’espace à la scène ». Il a été appelé pour participer à la scénographie de plusieurs œuvres de spectacle vivant, reconnues de façon internationale, telles que l’Opéra de Quat’sous de Brechet et Weill. Pourtant, l’artiste a grandi dans une communauté où le théâtre était plutôt perçu comme immoral. Mais depuis les années 60, Wilson est venu révolutionner le monde du spectacle avec des productions qui vont marquer les arts du vivant. 1976 est d’ailleurs l’année qui va marquer un tournant de sa vie. Il créée l’Opéra « Eintsein on the Beach ». Cette œuvre est considérée comme une majeure de la seconde moitié du XXème siècle. Depuis, il a eu l’opportunité de collaborer avec de nombreux grands artistes, qui le considèrent aujourd’hui comme leur égal (Jessy Normal, Tom Waits…).

Ses œuvres sont célébrées dans le monde entier. Il amène à explorer et ouvrir de nouveaux horizons dans une expression artistique qui se fait avec la fougue et la curiosité des adolescents.

Cette année, l’Espace Muraille, à Genève, a choisi d’accueillir une exposition de Robert Wilson, The Night Before The Day, qui a lieu du 24 mai 2022 au 3 septembre 2022. L’artiste a mis 30 ans pour préparer cette exposition. Mais il est ravi de présenter une cinquantaine de ses œuvre visuelles créées pendant toutes ces années. La situation due à la crise sanitaire a plongé tout le monde dans une sorte de morosité ambiante. Le renouveau de la vie sociale et artistique permet à l’ensemble de la société de sortir de ce tunnel traversé pendant près de deux ans. Robert Wilson s’inspire d’une citation d’Einstein selon laquelle «la lumière est la mesure de toute chose » pour présenter son exposition. Il ajoute que sans lumière, il n’y a pas d’espace. La lumière est pour cet artiste le point de départ et l’objectif même du travail d’artiste. Il utilise la lumière pour souligner et sculpter les espaces. Les scénographies de théâtre ou d’opéra sur lesquelles il a travaillé sont de véritables tableaux oniriques, dignes de contes de fées. Son style reste minimaliste, mais pas simpliste, et cela nous donne des images fortes de sens.

Tout au long de la visite de cette exposition, on peut observer le jeu du clair-obscur, cher au travail de Bob Wilson. La place importante accordée à la scénographie permet aux œuvres de jouer avec la lumières pour donner vie à l’espace et de mettre en valeur les éléments qui constituent cet espace.

Par exemple, on peut voir des sculptures en verre, dans un style très épuré, avec des formes arrondies, qui permettent à la lumière d’être saisie. Leur surface granuleuse attire les mains des visiteurs, avec ce besoin de toucher.

Par ailleurs, dans une autre pièce de l’exposition, des dessins de l’artiste sont mis en valeur. Ces dessins au fusain sur feuille blanche accordent une fois encore une place importante à la lumière, par ses rayons dans les œuvres scéniques. On a également un mélange de dessin, d’aquarelle et de peinture sur de nombreux tableaux exposés.

« L’envie de cette série m’est venue alors que je travaillais sur mon opéra « Alice, inspiré du célèbre conte de Lewis Carol. J’ai commencé par dessiner une fleur, puis j’ai rajouté des éléments autour pour la mettre en valeur » explique l’artiste plasticien.

L’œuvre qui fait cependant le plus parler d’elle est un portrait de Lady Gaga qui prend sa place dans un tableau d’Ingres. Cette interprétation moderne et très contemporaine du portrait de Mademoiselle Caroline Rivière (Ingres, 1806), montre un arrière-plan clair par le ciel bleu qui est peint, et un premier plan, juste derrière Lady Gaga, sombre. La chanteuse a posé pendant près de onze heures pour ce portrait incroyablement réaliste. Son visage est même identique à une photo. Cette œuvre a été présentée au Louvre en 2013.

On peut donc constater la place centrale accordée à la lumière dans ces œuvres. Comme il le dit, « c’est l’architecture de la lumière qui est l’élément le plus important dans mon travail, sans lumière, il n’y a rien. »

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