En 2014, Éric Freymond quitte Semper pour se consacrer exclusivement à sa passion pour l’art. C’est d’ailleurs lors de cette même année qu’il collabore et soutien son épouse, Caroline Freymond, dans l’ouverture de l’Espace Muraille, une galerie d’art en plein cœur de Genève.Fidèle à son goût pour les nouveautés et les innovations, il semble presque naturel que cette passion s’oriente plus précisément vers l’art contemporain. Toujours dans l’optique de découvrir le monde éclectique d’Éric Freymond, intéressons-nous aujourd’hui à la question de l’art contemporain.
L’art contemporain, qu’est-ce que c’est?
Cet article n’a évidemment pas pour dessein de fournir une définition exclusive de l’art contemporain et encore moins de l’enfermer dans une simple suite de mots. Il est plutôt question ici d’en offrir une vision brève et synthétique afin de permettre aux novices de regarder l’art contemporain autrement, car s’il est un art qui nécessite une grille de lecture, l’art contemporain en fait indéniablement parti.
Art contemporain et controverse.
De l’appellation « art contemporain » naît d’emblée une difficulté d’enfermer cet art dans une liste de canons ou de critères auxquels il correspondrait. L’une des premières controverses concernant cet art provient certainement de son nom. En effet, la définition même du terme semble orienter vers une notion exclusivement historique, un terme qui renverrait à l’idée essentielle d’un art « qui est du temps présent ». Or on sait que cette notion apparaît dès les années 1945 et reste en vigueur pour qualifier l’art crée de nos jours. Si l’on s’en tient à cette définition stricto sensu du terme, on comprend très vite les limites qu’implique l’idée de « contemporanéité ». Toutes les œuvres et tous les artistes d’aujourd’hui feraient-ils partie du mouvement d’art contemporain ? Et a contrario, peut-on parler d’œuvre contemporaine d’une œuvre datant de 1960 par exemple ? Si chronologiquement cela représente un non-sens évident, artistiquement parlant cela est possible. Il était bien question en 1960 d’artistes contemporains et, dans la même idée, certains artistes de nos jours ne sont pas pour autant partisans de l’art contemporain. Il convient alors de se demander qu’est-ce qui, au-delà de l’approche historique, fait la spécificité de l’art contemporain. Ou encore, en quoi une œuvre est-elle une œuvre d’art contemporain ?
Art contemporain : entre rupture et continuité.
D’un point de vue aussi bien historique qu’artistique, l’art contemporain s’inscrit pleinement dans la continuité de l’art moderne (1900-1945) ; dans ce sens où il se présente comme une rupture totale avec l’art classique et qu’il met en avant une vision nouvelle de ce qu’on avait pu appeler art jusque-là. Si ce dernier prônait une démarche esthétique de reproduction la plus fidèle possible, l’art moderne vient quant à lui, avec l’apparition de la photographie, révolutionner le monde de la création artistique. L’art ne doit plus avoir pour fonction de représenter fidèlement le réel puisque la photographie est dorénavant là pour le faire. L’art moderne va pouvoir apporter un regard nouveau sur l’idée que l’on se faisait de l’art et permettre de faire intervenir l’expression de la subjectivité dans l’œuvre. Il n’est plus seulement question d’un art exclusivement canonique, conformes aux règles classiques et académiques, mais d’un art qui reflète l’intériorité de l’artiste.
Tout en s’inscrivant dans cette idée de rupture avec les codes classiques mais également de participation subjective de l’artiste dans son œuvre, l’art contemporain vient ajouter une dimension supplémentaire à cette révolution de l’histoire de l’art. L’art contemporain entre effectivement dans un jeu de frontières avec ce qui est communément considéré comme de l’art. Bien au-delà d’exprimer leur intériorité comme ont pu le faire les artistes d’art modernes, les artistes contemporains vont jusqu’à franchir certaines limites juridiques et morales. Là où l’art moderne s’attachait à rechercher l’émotion esthétique, l’art contemporain recherche quant à lui la sensation voire parfois la provocation. N’ayant plus l’esthétique, au sens classique du terme, pour finalité suprême, l’art contemporain devient alors un porte-parole de notre époque, un lieu d’expression des valeurs qui nécessite l’intervention physique ou intellectuelle du « spectateur ». C’est bien là une des raisons pour lesquelles il va avoir tendance à être incompris par un regardeur non-averti. Une des caractéristiques fondamentales de cet art est d’ailleurs le questionnement foisonnant qu’il suscite. Qu’est-ce que cela représente ? A quoi fait référence l’artiste ? Quel message cherche-t-il à transmettre ?
L’art contemporain, s’il peut déstabiliser à première vue, est un art qui pousse à réfléchir et qui implique une grille de lecture de lecture qui lui est propre. Ce n’est plus l’acte de création d’un objet ou d’une toile qui importe mais plutôt le contexte dans lequel l’œuvre prend son sens. La création artistique contemporaine consiste en une nouvelle façon de penser l’objet d’art, il n’est plus forcément question de créer quelque chose de ses mains ou de créer quelque chose de beau pour faire partie du domaine artistique, parfois juste détourner de son contexte un objet déjà créer (ready-made) peut suffire à être de l’art s’il implique bien-entendu une réflexion.
On comprend ainsi à quel point l’art contemporain a pu et continue de participer à une transgression des frontières de l’art qui étaient connu jusque-là. Cette notion nouvelle d’art dépasse d’ailleurs largement le champ des arts plastiques puisque l’art contemporain va même jusqu’à s’élargir à toutes formes d’arts comme l’animation, le cinéma ou encore le théâtre.
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