Manifesta 14 au Kosovo : Pristina, la reconquête d’une image

Pristina : Hôte de la biennale européenne édition 2022.

Depuis le 21 juillet, plusieurs interventions artistiques et urbaines, ainsi que différentes festivités sont présentées dans la capital kosovarde. Manifesta 14 répond au cri du cœur de la capitale du Kosovo, dont l’enjeu principal est de se réapproprier l’espace public.

Nomade et particulière, cette biennale se veut être une source de renouveau et d’évolution sociale.

L’équipe de Manifesta et les partenaires de Pristina ont réuni leurs forces et surtout leurs connaissances afin de conceptualiser, imaginer, réaliser un projet autour de cette capitale qui a longtemps été marquée par la guerre. L’objectif de la biennale est d’aider les habitants du Kosovo à se projeter en tant que métropole ouverte, aux moyens de l’art et l’architecture, opérer une transformation du domaine public et mettre en lumière la beauté, le charme et les avantages de cette ville tombée dans l’oubli.

Les troubles politiques de 1990 n’ont fait qu’enclaver cette métropole qui souhaite maintenant s’ouvrir au monde. Shpend Ahmeti, le major de la ville de Pristina évoque un endroit « où l’architecture ottomane se mêle à la philosophie néolibérale d’après-guerre », il continue en disant qu’« il y a beaucoup à discuter, il y a beaucoup à faire et il y a beaucoup d’espace public à récupérer ».

La métropole composée à 50% de jeunes de moins de 25 ans, se veut être motivée, dynamique et pleine d’espoir. Hedwig Fijen, fondatrice et directrice de Manifesta, se dit positivement marquée par ses premiers jours à Pristina. « J’ai été impressionné par la scène culturelle enthousiaste des artistes, que je ne m’attendais pas à rencontrer à un tel degré dans un ancien pays yougoslave et le plus jeune pays d’Europe » Pour la première fois, Manifesta a atteint le plus grand nombre de participants locaux, avec 65% d’activistes, artistes, architectes régionaux, mais aussi des collectivités locales. On recense 39% de Kosovars et 26% de Balkans. Notons également la présence d’artistes internationaux, parmi les plus célèbres dont l’américain Roni Horn, le suisse Ugo Rondinone, le japonais Chiharu Shiota et la palestinienne Emily Jaciir.

Parmi les lieux emblématiques de cette édition 2022, Le Grand Hotel Pristinann mais aussi le Green Corridor, qui permet de relier deux zones de la ville par un chemin jonché d’arbres, l’Eco Urban Learning Center et la bibliothèque Hivzi Sulejmani. Le Grand hammam met également en lumière une œuvre de l’artiste de nationalité japonaise, Chiharu Shiota. On y perçoit des papiers blancs, ainsi que des inscriptions, des histoires laissées par le peuple kosovar, légèrement cachés par de la ficelle rouge.

L’art peut-il sauver un peuple ? Porteurs de message poignants, les artistes s’emparent en tout cas de l’édition 2022 pour tenter de changer la donne. C’est le cas du court métrage de l’artiste albanais Driant Zeneli qui met en scène un poisson flottant, inaccessible. Ceci pour rappeler la difficulté qu’ont les Kosovars aujourd’hui à voyager en dehors du pays.

La fondatrice de Manifesta se veut pleine d’espoir. Elle « imagine le Kosovo comme faisant partie d’une Europe élargie et comme membre de l’Union européenne et rêve aussi pour le Kosovo que la réglementation des visas soit libéralisée. »

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