Dernier week-end pour découvrir ou redécouvrir la photographie de Philippe Gronon. Son exposition, « Rectos/Versos », installée dans la galerie de Caroline et Éric Freymond depuis le 4 mai, nous ramène à l’essence et à la définition la plus primaire de la photographie : enregistrer la réalité telle qu’elle est.
Chez Philippe GRONON, point de perspective ni d’ombre projetée, pas non plus de composition ni de retouche… L’objet photographié est présenté face à l’objectif, sans détour ni fioriture. Les sujets : des objets insignifiants, des choses utiles qui passent inaperçues habituellement car elles portent les stigmates de l’usage qui en a été fait.
Une porte d’ascenseur, une porte de coffre-fort, la porte d’un abri anti-nucléaire, des amplis, des écritoires, des pierres lithographiques ou encore des tableaux électriques… Philippe Gronon exposent à l’œil du spectateur des objets banals, en vue frontale et à l’échelle 1 : 1.
Son but : rendre compte de l’objet de la façon la plus précise possible, tel qu’il existe et qu’il apparaît sous nos yeux en réalité. Un mimétisme tel, qu’il pourrait presque contredire Magritte et affirmer « Ceci est une pipe »… enfin une porte !
Rien ne manque à leur présence frontale : le grain de leurs surfaces, les détails de leur usure, les traces de leur vie d’objet, les caractéristiques techniques de leur emploi.
Pour résumer, l’œuvre de Philippe Gronon passe par des objets utilitaires qui n’ont a priori aucune prétention esthétique, une vue frontale à l’échelle 1 :1 et aucune mise en scène spatio-temporelle… alors qu’allons-nous observer, me direz-vous?
L’exact portrait d’un objet mais aplati, vous répondrai-je ! Un objet dans sa forme la plus réelle mais qui, vu de face, avec la plus grande précision des détails qu’il porte sur lui et qui, une fois aplati sur papier et sorti de son contexte, amène à une capacité d’abstraction, de catalyseur pour l’imagination.
Toujours dans cette idée d’attirer l’œil sur les choses qui passent inaperçues, Philippe Gronon est également connu pour sa série originale de photos, Versos, qui, par retournement de perspective, nous offre à voir le dos de tableaux, de peintures. L’artiste détourne ainsi notre attention de l’œuvre originale, du recto et fixe notre regard sur le verso. La vue est toujours frontale à l’échelle 1 :1 mais le sujet est quant à lui retourné. L’artiste nous propose d’observer l’envers du décor.
Aborder le tableau d’une autre façon que par le recto, l’œuvre n’est plus le tableau en lui-même mais son verso et les détails qu’il révèle sur l’œuvre elle-même ou son auteur. Le verso nous renseigne en effet sur l’histoire du tableau, la façon dont il a été peint, les circonstances de sa création mais également sur son histoire en tant qu’œuvre, sa restauration, ses transformations ou encore sur les expositions dans lesquelles il a figuré.
C’est cette série Versos qui donne d’ailleurs une partie de son nom à l’exposition inaugurée à l’Espace Muraille. Rectos/Versos vous invite en effet à découvrir une partie de la série Versos de Philippe Gronon.
Rendez-vous sans plus tarder Place des Casemates 5 à Genève !
No Comments