Prix Turner 2016

Le prix Turner est certainement une des plus prestigieuses récompenses d’art contemporain au monde. Ce prix, crée par la Tate Modern Museum, fait chaque année le bonheur d’un artiste (ou groupe d’artistes) et ce depuis 1984. Pour pouvoir y prétendre, il est demandé d’être âgé de moins de 50 ans mais aussi d’être né, travaillertuner marten ou résider au Royaume-Uni. La Tate Britain organise la sélection des candidats parmi tous les artistes répondant aux critères et utilisant les nouveaux médias. La nomination se fait ensuite par vote du public. L’évènement est alors fortement couvert médiatiquement, ce qui le rend très célèbre en Outre-Manche. Quelques mois plus tard, en décembre, une grande cérémonie durant laquelle un jury élit l’heureux lauréat a lieu au sein de la Tate. Le prix Turner 2016 a ainsi été décerné le mois dernier à l’artiste londonienne Helen Marten qui l’emporte face à Anthea Hamilton, Michael Dean et Joséphine Pryde.

Agée de 31 ans et connue pour ses sculptures réalisées à partir de matériaux peu communs tels que des peaux de poisson, des œufs, des coquillages ou encore des cubes de craies pour billard, Helen Marten apporte une « contribution exceptionnelle au développement de l’art contemporain visuel»,  pour reprendre les termes du jury.

marten

Philippe Lardy à l’Espace Muraille de Genève

 

ctr37sewiaaersm1

Dernier week-end désormais pour découvrir à l’Espace Muraille de Genève le passionnant univers de l’illustrateur et peintre Philippe Lardy. Né à Genève en 1963, Philippe Lardy retrouve en 2010 sa Suisse natale après une carrière d’illustrateur aux Etats-Unis puis en France. Il est accueilli depuis le 07 octobre 2016 dans la galerie d’art d’Éric et Caroline Freymond pour une exposition intitulée « Life Forms ».

philippe-lardyAprès des études  à l’institut Saint-Luc de Bruxelles, Philippe Lardy poursuit son cursus scolaire à la School of Visual Arts de New York ; ville dans laquelle il décide de s’établir en 1987 et où il commence sa carrière d’illustrateur. Très vite, il s’intègre au sein des dessinateurs américains et commence à illustrer pour les journaux, magazines et maisons de disques les plus populaires de New-York : The New York Times, Time magazine, Rolling Stone, The New Yorker, Levi’s, Bluenote Records ou encore Disney.

Philippe Lardy vit de fastes années à New-York. Fort de ses expériences et de ses nombreuses rencontres, il édite un livre intitulé Gin & Comix dans lequel il regroupe tout une sélection d’artistes franco-européens. En parallèle, le dessinateur prisé s’exporte et expose ses travaux en Suisse, en France et au Japon.

Au début des années 2000, Philippe Lardy aspire à de nouveaux horizons. Tout en conservant ses travaux d’illustrations pour ses clients américains, il décide de rejoindre Paris pour y développer sa carrière de peintre. Même s’il vit son départ de New-York comme un arrachement, il ressent le besoin de retrouver une création plus libre, détachée de la pression et des attentes du métier d’illustrateur et a fortiori de prendre du recul face à sa carrière de dessinateur. L’année 2008 marque la fin de sa carrière d’illustrateur. Fatigué de répondre à des commandes, il finit par abandonner complètement le métier d’illustrateur de presse pour s’adonner à une création totalement personnelle voire même introspective.

C’est donc aujourd’hui en tant que peintre, que Philippe Lardy nous présente ses œuvres à l’Espace Muraille. En passant du monde de la commande au travail artistique personnel, Philippe Lardy est resté attaché à son goût pour les aplats et les couleurs expressives qui ont fait de lui cetphilippelardylifeforms3artworks1 illustrateur prisé. Les œuvres de « Life Forms » sont d’ailleurs issues d’un travail préalable sur papier. L’artiste suisse s’est en effet amusé à tordre du papier pour lui donner la forme d’une sorte de séquence d’ADN, s’inspirant ensuite du résultat papier pour peindre des formes géométriques incongrues qui se déplient sur les toiles, telles des formes vitales comme le suggère l’intitulé de son exposition.

Créativité ou quand la pensée diverge puis converge

 

AMPOULEEn tombant sur un ouvrage de Todd Lubart, traitant de la créativité, j’ai été amené à m’interroger sur le sujet. Art et innovation étant à l’honneur sur ce blog, l’ébauche d’une petite réflexion sur la créativité était donc la bienvenue. Plusieurs questions sont donc apparues immédiatement. Tout d’abord, il conviendrait de mettre la main sur la définition même de la créativité ? Qu’est-ce donc que cette fameuse « petite chose » si chère à nos amis artistes, chercheurs, innovateurs et autres créateurs.

L’étymologie du mot créativité vient du latin « creare » qui signifie « faire pousser, faire naître, arriver à l’existence ». Très souvent employé dans un contexte religieux, le mot signifiait plus exactement « faire naître du néant ». On ressent à travers l’origine du terme, l’idée d’une faculté, peut-être divine, d’une aptitude particulière à créer à partir de rien. Si l’on se penche sur l’évolution du mot, on peut lire aujourd’hui dans les dictionnaires généralistes que la créativité est souvent définie comme une capacité d’imagination, d’invention, de création et est presque toujours associée en exemple à l’idée de créativité artistique ou littéraire. On remarque à travers cette définition que le sens du mot n’a finalement pas beaucoup changé et que l’on retrouve toujours l’idée d’une aptitude particulière à la création, à la différence près peut-être qu’aujourd’hui, le terme est associé à la capacité d’imagination. Ce sont finalement les exemples associés qui attirent plus particulièrement l’attention du lecteur : « Création artistique, littéraire ». A travers ces mots, la créativité est présentée a priori comme une capacité propre aux domaines des arts et de la littérature et pourrait renvoyer comme on l’a longtemps pensé au génie, à la muse de l’artiste et de l’écrivain. Deux questions principales émergent donc de ces observations : la créativité est-elle inhérente aux domaines de l’Art et de Littérature ? Est-elle une capacité réservée à une élite, aux artistes et aux écrivains ou est-elle ouverte à tout un chacun?

C’est en se penchant sur les dernières études notamment en psychologie que l’on peut apporter quelques précisions quant à la notion de créativité. Rassurez-vous, la psychologie cognitive a démocratisé la notion de créativité en la définissant comme une capacité présente en chacun de nous, éloignant ainsi l’idée préconçue selon laquelle la créativité serait réservée à certains domaines en particulier et surtout à certains individus privilégiés. On compte aujourd’hui des dizaines de définitions du mot qui varient en fonction du domaine auquel il est appliqué. Todd LUBART nous informe qu’il existe cependant une définition consensuelle, admise par la majorité des chercheurs, selon laquelle «  la créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste […]. Par définition, une production nouvelle est originale et imprévue : elle se distingue de ce que le sujet ou d’autres personnes ont déjà réalisé ». Les conditions sine qua non pour qu’il y ait créativité résident, selon lui, simplement dans le fait que la production soit complètement nouvelle et qu’elle réponde à un contexte. T. LUBART ajoute que l’apprentissage à la créativité est conditionné par des exercices de production créative et plus particulièrement dans le domaine de la production d’écrit et de la pratique artistique car ils sont pour lui les domaines les plus propices à cet exercice. Pour développer sa créativité il faut donc tout simplement pratiquer. « Dans le champ artistique, il s’agirait de favoriser l’expression artistique, mais pas seulement pour engendrer une expérience esthétique ou développer la performance du geste technique de maniement des outils artistiques, mais il s’agirait plutôt de rechercher des idées originales ». La créativité se manifesterait donc à travers des situations de recherche d’idées nouvelles. On peut donc affirmer que la créativité est bien une capacité présente en tout individu et qui, par le biais de l’imagination, permet de trouver et créer des productions originales. Mais, d’où nous vient cette aptitude ? Quelle est l’origine de cette capacité ? Le fait qu’elle soit en chacun de nous, de façon presque universelle, signifie-t-il qu’elle soit innée ?

En observant par exemple, le comportement de l’enfant, tout laisse à penser qu’en effet, la créativité est présente en nous très tôt voire dès la naissance. Par exemple, dès qu’il le peut, l’enfant nous surprend à inventer et créer des mots nouveaux ou des histoires imaginaires. Qui plus est, dès lors qu’il est en possession d’un feutre, d’un stylo, d’un crayon, il s’adonne à des activités de « gribouillages » sur une feuille de papier et même (au grand malheur des parents) sur une table, un mur ou une tapisserie. On note comme une pulsion, un désir naturel chez l’enfant à vouloir créer des choses nouvelles si bien qu’on imagine que la créativité est innée et qu’elle pousse constamment l’enfant au processus créatif. Pourtant, s’il on se fie à la définition consensuelle de la créativité, on remarque que ces pratiques enfantines ne recouvrent qu’un aspect de l’activité créative. Pour faire preuve de créativité, une production doit non seulement être nouvelle mais également répondre à un contexte. Qui plus est, l’expression créative est conditionnée par une intention de créer. Or, pour le cas de l’enfant, les productions sont, dans la majeure partie des cas, spontanées et issues d’un désir personnel de l’enfant. T. LUBART explique dans ce sens que la créativité n’est pas innée mais qu’ « il y a certains facteurs qui sont innés, présents plus ou moins dès la naissance, en fonction des individus, comme l’habileté de la pensée (la flexibilité cognitive), la quête de nouveauté ou la recherche de sensations ». L’être humain aurait donc bien des bases biologiques, des tendances innées pour la quête de nouveautés qui l’inciteraient à une certaine activité créative. Mais puisqu’elle n’est pas innée cela suppose qu’elle est acquise et doit faire l’objet d’un apprentissage. Chacun d’entre nous peut donc choisir de la favoriser ou non alors pourquoi doit-on le faire?

Parce que la créativité met en avant bien des enjeux pour l’être humain. Elle répond au besoin qu’à l’homme de s’adapter aux diverses contraintes de la vie. La créativité est aussi de l’ordre de la culture. D’un manque, d’une absence, d’un paradoxe, d’une problématique, d’une opportunité, d’une intuition… naît le besoin d’agir autrement. Autrement dit, face aux obstacles qu’il rencontre, l’homme fait appel à sa capacité de créativité pour trouver des solutions nouvelles et adaptées. C’est dans cette optique que le développement de la créativité trouve toute sa place au sein et est même nécessaire à notre société. Développer sa créativité, c’est s’habituer à trouver des idées nouvelles pour plus tard appliquer sa créativité aux problèmes qu’on sera susceptible de rencontrer. En apprenant à être créatif, on apprend à s’adapter, à innover et à trouver des solutions… autrement dit quelle meilleure arme pour notre autonomie quotidienne!

La créativité s’appuie sur deux composantes complémentaires de l’intelligence : la pensée divergente et la pensée convergente. Ces dernières sont des opérations mentales qui consistent pour la première à rechercher un maximum de solutions originales à un problème donné, même si certaines paraissent a priori absurdes, surprenantes voire insolites. La pensée convergente quant à elle, fait suite au travail de la pensée divergente et autorise, sélectionne le choix d’une réponse dans un cadre rigoureux, c’est elle qui permet de réaliser c’est-à-dire celle qui est adéquate. Face à un problème donné, un obstacle, notre aptitude créative met donc en jeu la divergence pour rechercher et générer des idées nouvelles puis fait appel à la convergence pour sélectionner la solution la plus adaptée au contexte. Stimuler notre créativité, c’est donc solliciter notre pensée divergente pour trouver un maximum de solution pour fouiller dans plusieurs directions et inventer le maximum de réponses possibles, rechercher des solutions nouvelles. C’est à travers ce processus créatif que se développent la capacité de réflexion et la capacité de chacun à être actif aux problèmes qui se posent devant lui, et ce de façon autonome c’est-à-dire en cherchant lui-même des solutions. Cette ébauche de réflexion permet de mettre en avant toute l’importance de la pensée créative. Plus aucune raison de ne pas vous y mettre maintenant.

Alors prêts ?… 1…2…3….  « CREATIVER » !!!

Païtiti, à la recherche de la cité d’or perdue

Et non ! Cet article n’a pas pour dessein de faire la promotion du dernier roman en vogue ni du prochain volet d’Indiana Jones… Quoique ! Thierry Jamin, dont il sera question au fil de ces quelques lignes, a tout d’un vrai Indiana Jones à la française.

thierry_jamin1
Thierry Jamin, chercheur et explorateur français

Chercheur et explorateur toulousain, Thierry Jamin dirige une organisation non gouvernementale dédiée à la recherche scientifique et plus particulièrement à celle de Païtiti.

Mais qu’est-ce que PaÏtiti?

Selon la légende, les derniers incas persécutés par les conquistadors européens se seraient réfugiés avec toutes leurs richesses dans une immense ville secrète qui aurait disparu avec l’extinction de ses derniers habitants. Ce mystère lui vaut aujourd’hui le nom de « cité d’or perdue » ou encore de  « trésor maudit » puisque  la majorité des chercheurs, découragés par une quête périlleuse et sans fin, semble penser que las incas n’ont laissé aucune trace permettant de localiser la cité d’or.

Thierry Jamin quant à lui est catégorique : les pétroglyphes (signes taillés dans la pierre)

thierry Jamin face aux pétroglyphes de Pusharo
Thierry Jamin face aux pétroglyphes de Pusharo

découverts sur le site archéologique de Pusharo en 1921 sont pour lui une sorte de carte géographique codée laissée par les incas et

qui mènerait, à coup sûr, à la ville mystère. C’est pourquoi, épaulé par son équipe péruvienne de l’Institut Inkari, , il arpente depuis maintenant près de vingt ans l’Amazonie péruvienne à la recherche de Païtiti. Non sans péril, il s’engage dans plusieurs expéditions archéologiques dans les jungles du sud du Pérou qui lui causeront bien des misères. Confronté à la dure réalité des recherches sur le terrain, il sillonne dangereusement les jungles épaisses, tantôt chaudes et étouffantes, tantôt humides et froides. Mais les conditions climatiques, aussi qu’éprouvantes soient-elles, ne représentent pas l’obstacle majeur à sa quête.

On raconte qu’il fallut plus de vingt mille lamas pour acheminer tout  l’or des incas persécutés jusqu’à Païtiti. De quoi attirer toutes les convoitises! Païtiti, aussi connue sous le nom de l’Eldorado, est donc convoitée et recherchée depuis le seizième siècle et a longtemps donné lieu à une sanglante course au trésor à laquelle n’a pas échappé Thierry Jamin.  Pourtant, Thierry Jamin est bien plus attaché aux avancées historiques qu’apporterait la découverte de Païtiti qu’à la soif d’or. On ne peut malheureusement pas en dire autant des narcotrafiquants locaux et autres malintentionnés! Mais ses motivations sont sans cesse remises en question par les municipalités péruviennes et autres chercheurs. Malmené, l’explorateur français se heurtent ainsi à bien des procès allant parfois même jusqu’à le mener en prison.

Malgré cela, fort de ses découvertes enrichissantes et du soutien de donateurs, Thierry Jamin continue de consacrer sa vie à la recherche de la cité d’or perdue. Un motivation à toute épreuve et un déterminisme qu’Eric Freymond salue en soutenant et  finançant une large partie de la campagne « Païtiti 2016 ».

Jungle amazonienne
Jungle amazonienne

 

Energy Observer, le « Solar Impulse des mers »

img_08981

Quelques mois à peine après l’achèvement du tour du monde à l’énergie solaire du monoplane Solar Impulse, nous apprenons qu’un catamaran à panneaux solaires et éoliennes prépare son entrée sur le chantier naval de Saint-Malo. Surnommé à juste titre le « Solar Impulse des mers », Energy Observer prévoit d’emboiter le pas à Solar Impulse dès février 2017 pour un nouveau tour du monde à l’énergie propre.

img_08971A l’instar de son modèle aérien et toujours dans l’optique de démontrer le potentiel de la mobilité verte et la viabilité des énergies renouvelables, Energy Observer voguera à travers le monde à la rencontre de solutions innovantes pour la planète. Cette prouesse technologique, à travers d’un périple de six années, comptera une centaine escales dans près de cinquante pays. Loin de l’extrême solitude expérimentée par André Borschberg et Bertrand Piccard lors de leurs vols, c’est une équipe de plus de trente personnes composée de chercheurs, scientifiques, ingénieurs, journalistes et artistes qui naviguera à bord de l’Energy Observer. Avec plus de 30 mètres de long et 12.80 mètres de large, autant dire qu’il va en falloir de l’énergie pour déplacer ce navire!

Victorien Erussard et Jérôme Delafosse
Victorien Erussard et Jérôme Delafosse

Heureusement, Victorien Erussard et Jérôme Delafosse, les deux malouins à l’origine de ce projet, ont eu l’idée innovante de combiner trois énergies pour créer le tout premier bateau écologique propulsé aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Sont ainsi attendus sur le navire, pas moins de 130 m2 de panneaux solaires, deux éoliennes ainsi que deux moteurs réversibles qui serviront à produire et stocker l’hydrogène. Tout cela sans aucune émission de gaz à effet de serre bien entendu.

Venise et la renaissance du Palais Royal

v6dx8itmvvuljwmoo1ewxjl72ejkfbmt4t8yenimkbxeejxnn4zjnz2ss5ku7cxtNapoléon, alors proclamé roi d’Italie en 1805, décide lors de sa venue à Venise en 1807, la construction d’un palais impérial en face de la célèbre basilique Saint-Marc. L’entreprise, confiée au décorateur Guiseppe Borsato et dure six années. Après l’ère napoléonienne, Guiseppe Borsato poursuit son œuvre au service des Habsbourg qui occuperont à leur tour le palais impérial pendant un demi-siècle. Dans les années 1920, les Savoie qui ont succédé aux Autrichiens en 1866 finissent par céder le palais à l’Etat. Une grande majorité des salles est alors attribuée à différentes administrations qui, y installant leur bureaux, entrainent la dégradation du palais. « Chef d’œuvre oublié », « trésor perdu »…nombreuses sont alors les expressions qui serviront à décrire le triste sort connu par le palais royal de Venise. Edifice d’une importance et d’un prestige indéniable, ses pièces ont pourtant souffert d’une utilisation inadéquate pendant près d’un siècle; le faisant ainsi passer du statut de trésor artistique à simple bâtiment purement fonctionnel. Comment expliquer une telle négligence?

021Palais royal construit sur ordre de Napoléon et longtemps habité par l’impératrice Elisabeth dite « Sissi », ce bâtiment apparaît aux yeux des vénitiens comme le témoignage matériel d’un passé douloureux. Napoléon reste avant tout celui qui a décrété la fin de la glorieuse République de Venise qui dominait la ville depuis huit cents ans (697-1797). Quant à Sissi, elle est le symbole même du joug de l’occupant autrichien, autrement dit, d’une page de l’Histoire que les vénitiens ont longtemps préféré oublier. Au-delà de l’aspect matériel et artistique, les rénovations entreprises par le Comité français pour la sauvegarde de Venise pour faire renaitre le palais impliquaient finalement une certaine réconciliation entre la cité des doges et le souvenir de l’Empire. Alors simple négligence ou condamnation aux oubliettes volontaire, force est de constater que cette renaissance du palais allait faire sortir un cadavre du placard!

Plus d’une dizaine d’années de travaux permettent aujourd’hui d’admirer la réussite éblouissante de ce projet. Initié dans les années 1990, il s’inscrit dans le cadre d’un programme de restauration du musée Correr visant à reconstituer l’ensemble du palais royal, à redonner leur splendeur à ses décors de fresques, de marmorini et de marbres polychromes ainsi qu’à remettre en place le mobilier d’origine en réserve depuis la fin de la monarchie.

sis00Si deux premières campagnes de rénovations avaient déjà permis en 2012 de rouvrir au public neuf pièces alliant l’élégance néoclassique d’inspiration française et la fantaisie néo baroque datant de l’époque où Sissi y a séjourné. Une troisième campagne de restauration s’attacha à faire renaître les appartements de l’Empereur.

Ainsi, des appartements de l’empereur à la salle du trône, en passant par la galerie napoléonienne, à terme, ce sont vingt pièces qui s’ajoutent au musée de l’histoire de Venise dans le cadre d’un « Grand Correr ». Ce n’est autre finalement que deux siècles d’Histoire qui ré émergent grâce à cette réhabilitation des pièces promue par le comité français pour la sauvegarde de Venise avec l’appui exclusif de mécènes privés dont font partie Eric Freymond et son épouse, Caroline Freymond.

Et si voyager en jet privé devenait aussi facile que prendre le taxi?

Tel fut le pari entrepris par Corentin Denoeud et Alexandre Azoulay dans le lancement de leur société Wi-Jet en 2009. C’est en effet dans un projet aussi innovant qu’Eric Freymond a participé aux côtés d’autres grands mécènes tels que Bernard Henri Lévy ou encore Xavier Niel, afin de pouvoir proposer mais surtout démocratiser les services de ce qu’on appelle aujourd’hui les « taxi-jets ».

Comment cela est-il rendu possible demanderez-vous?

Si l’innovation de leur entreprise ne réside pas tant dans l’idée même de la location de jet privé, elle n’en demeure pas moins innovante pour autant. Car s’il était déjà possible avant Wi-jet de louer un jet privé pour une durée limité, il est vrai que cela était jusqu’alors réservé à une clientèle essentiellement professionnelle et richissime. Le concept Wi-Jet: rendre l’avion d’affaire aussi accessible que le taxi. Dorénavant plus besoin d’être milliardaire pour s’offrir, le temps d’un vol, un jet totalement privatisé. Corentin Denoeud et Alexandre Azoulay nous offre en effet, une formule innovante basée sur la clarté financière. En l’instauration d’un  tarif à l’heure toutes taxes comprises (TTC) résidera la clé de la réussite de leur projet. Pas de mauvaises surprises, un prix fixe que, ni le nombre de passagers, ni les taxes d’aéroport ni la période ou encore moins les conditions de vol ne viennent modifier. Peu importe la conjoncture, l’heure de vol s’élèvera à 2400€ TTC.

Il ne reste plus qu’à choisir une destination parmi les 1200 aéroports desservis en Europe et Afrique du Nord et se laisser embarquer à bord d’un Cessna Citation Mustang. La flotte de cette première compagnie aérienne française de taxi jet se composant essentiellement de ces petits jets d’affaires, les Cessna Citation Mustang, vous pourrez voyager jusqu’à quatre ou cinq passagers et voler à une vitesse de 630km/h tout en savourant votre repas accompagné de biscuits du célèbre pâtissier français Pierre Hermé. Autant dire qu’il est question d’un vrai service de luxe… avec l’avantage d’être basé sur le modèle du low cost.

La salle des bains de Marie-Antoinette

 

The-Bathroom-of-Marie-Antoinette-3[1]
Baignoire en cuivre installée dans la salle des bains de Marie-Antoinette.
L’intérêt ainsi que les investissements portés par Éric Freymond sur de nombreux projets continuent de nous faire voyager à travers le temps et l’espace. Qu’ils soient du ressort de l’innovation, de l’avancée scientifique ou encore l’art, ces projets éclectiques ne cessent de  nous faire découvrir ou redécouvrir des lieux splendides. Ces derniers nous portent cette fois-ci en plein cœur du château de Versailles, au cœur du passé historique de nos concitoyens français. Rendons-nous ainsi, le temps de ces quelques lignes, au milieu du 18ème siècle, alors que le château est encore en possession d’un monarque français, Louis XVI, et que la cour vit ses dernières années à Versailles. De nombreux travaux de rénovation et de restauration ont en effet eu lieu au château de Versailles dans le but de préserver mais également de tenter de retrouver le plus fidèlement possible, l’atmosphère royale qui régnait en ces temps, au cœur du château. Intéressons-nous quant à nous plus particulièrement à la reine Marie-Antoinette et aux travaux entrepris dans sa salle des bains car, bien que détestée par le peuple français pour être autrichienne, elle reste néanmoins l’un des personnages les plus fascinants de l’histoire de Versailles et demeure qui plus est, la seule reine ayant imposé son goût personnel à Versailles.

Fille de l’Empereur François Ier de Lorraine et de l’archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, elle s’attire l’inimitié de la cour dès son arrivée à Versailles. Habituée à une vie plus intimiste dans son Autriche natale, Marie-Antoinette supporte mal les contraintes de l’étiquette à Versailles. Elle déteste le spectacle permanent qu’offre la monarchie française et va même jusqu’à refuser de se plier à ses nouvelles obligations en tant que reine. La voyant toujours à la recherche de plus d’intimité et de nouveaux espaces, le roi décide de lui attribuer la fameuse salle des bains en 1782. C’est donc finalement dans ses propres appartements qu’elle trouvera cette intimité qui lui est chère et qui deviendra la ligne directrice des rénovations entreprises dans sa salle des bains.

Située dans le Petit Appartement de la reine, au rez-de-chaussée du corps central du château de Versailles, la salle des bains offrait jusque-là un aspect froid très peu évocateur de Marie-Antoinette. Les rénovations et le remeublement de cette pièce ont donc permis de créer une atmosphère non seulement plus intimiste mais également plus proche du raffinement de Marie-Antoinette. Pendant que les boiseries et les huisseries étaient rafraichies, la pièce des bains se trouvait également pourvue d’une baignoire en cuivre, d’un robinet, d’un seau à laver les pieds, de flambeaux, de bras de lumière mais aussi de plusieurs fauteuils. ©Christian-Milet-01151[1]C’est dans ce remeublement mais surtout dans la nouvelle présentation offerte de la salle des bains que résidera toute l’originalité du projet. En effet, sur une idée  d’Hubert de Givenchy, la peintre, styliste et artiste-plasticienne Isabelle de Borchgrave mettra en scène trois personnages féminins au cœur de la pièce des bains du château de Versailles ainsi que différents objets, accessoires de toilette et étoffes. Un projet original puisqu’il est à noter que  tous les éléments introduits pour cette chaleureuse mise en scène ont été réalisés en papier et permettent amplement de répondre à cette volonté initiale d’illustrer un moment d’intimité de la reine Marie-Antoinette. Reste aux visiteurs le soin d’apprécier les merveilles artistiques et historiques qu’offrent de tels endroits.

Solar Impulse : un défi tant pour l’homme que pour la machine.

 

Samedi dernier, Bertrand Piccard, l’un des deux pilotes de l’aventure Solar Impulse annonçait qu’il préférait repousser le départ du dernier vol, censé venir clôturer le tour du monde à l’énergie solaire de notre aéroplane, pour cause de maladie.

« Je suis malade. Problème d’estomac. Je préfère retarder le décollage de @Solarimpulse. Je ne peux pas voler 48 heures dans cet état », écrivait-il sur son compte Twitter.

Cet événement nous invite à nous pencher sur les conditions de vol particulièrement difficiles dans lesquelles nos deux pionniers de l’aviation solaire ont voyagé depuis le début de l’aventure. Car notons-le, Solar Impulse représente un défi tant pour l’homme que pour la machine. Il est question, à travers ce projet innovant, d’une réelle épreuve à la fois physique et psychique pour laquelle Bertrand Piccard et André Borschberg se sont entrainés longuement avant le début de leur tour du monde. Des instructeurs les ont d’ailleurs initiés à la pratique du yoga et de l’auto hypnose afin de pouvoir évacuer le stress et gérer la fatigue.

André Borschberg à bord de Solar Impulse.
André Borschberg à bord de Solar Impulse.

Pesant environ 1,5 tonne seulement, le faible poids de Solar Impulse 2 le rend très sensible aux turbulences et ne permet de transporter qu’un seul pilote à la fois. Chacun leur tour, B.Piccard et A.Borschberg se relaient dans ce petit habitacle de 3,8m3. Seul à bord, le maître mot est alors vigilance en permanence. C’est pourquoi nos aventuriers ne peuvent se permettre que de brefs cycles de sommeil à raison de dix fois par jour. Ces courtes siestes, d’une durée maximum de vingt minutes, ainsi que toute l’activité lors des vols se déroulent essentiellement dans le cockpit. Très spartiate, il est équipé d’un siège polyvalent tenant lieu à la fois de couchette, de toilettes mais aussi de lieu de sport puisque, l’espace particulièrement restreint ne permettant que très peu de mouvement, les pilotes s’adonnent quotidiennement à la pratique d’une demi-heure d’exercice. Activité indispensable sans laquelle leurs membres risqueraient à terme d’être engourdis voire de ne plus bouger.

Par ailleurs, outre les difficultés liées à la petite taille et au poids de Solar Impulse 2, il est à noter que la cabine du monoplane n’est pas non plus pressurisée. Deux bouteilles d’oxygène permettent au pilote de respirer aisément mais il reste confronté lors des vols à des températures extrêmes allant de -40°C à +40°C. Tout a donc dû être pensé afin de rendre possible des voyages dans de telles conditions. Le cockpit a été pour cela recouvert d’une mousse isolante et les pilotes ont quant à eux été vêtus d’une combinaison en fibre polyamide qui les protège des grandes variations de température. Pour ce qui est de la nourriture, il a également fallu préparer des rations capables de supporter ces conditions climatiques ardues. Ainsi chaque jour, le pilote dispose de 2,4 kilos de nourriture adaptée ainsi que de 2,5 litres d’eau et d’un litre de boisson énergétique. Autant dire que les performances exceptionnelles de nos deux pilotes suisses sont à saluer grandement.

Regard sur une ville antique : La Médina de Taroudant et ses remparts

 

rempart-quartier-de-la-kasbah-taroudant

Anatole France déclarait à juste titre en 1885 que « ce n’est qu’avec le passé qu’on fait l’avenir ». Que ce soit en guise de devoir de mémoire, d’enrichissement artistique et culturel ou même par pure stratégie économique, préserver l’héritage culturel passé est aujourd’hui plus que jamais une question essentielle. C’est d’ailleurs dans cet esprit de valorisation des  richesses patrimoniales mondiales, qu’Eric Freymond soutien et participe régulièrement à la restauration de nombreux projets. Parmi ceux-ci, la restauration notamment des somptueux remparts de la ville de Taroudant au Maroc, reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO.

carte taroudantSituée au sud-ouest du Maroc, dans la plaine du Souss; plus précisément à 80 kilomètres à l’est d’Agadir, la médina de Taroudant est connue pour son architecture marocaine authentique mais surtout pour ses remarquables remparts, qui lui valent aujourd’hui le surnom de  « Grande Muraille du Maroc » par rapprochement à sa grande sœur chinoise.

Les remparts de Taroudant dessinent le pourtour de la ville des roudanis (nom donné aux habitants de Taroudant) sur un carré de 2 kilomètres de côté, soit un total de près de 8 kilomètres de murs épais de pisé crénelés, surmontés de 130 tours et 19 bastions. Cette épaisse muraille, actuellement haute de 8 à 14 mètres, date du IXème mais on remarque à travers les différents matériaux utilisés (pain d’adobe, blocs moulés, tâbiya montée en coffrage) qu’elle est en réalité le résultat d’une construction progressive et évolutive. En effet, s’ils ont été initialement édifiés au IXe à l’époque Almoravide, dans le but de servir d’architecture défensive comme en témoignent les cinq monumentales portes originelles, ces remparts ont par la suite évolués au fil des règnes qui ont marqué l’histoire de la ville mais ont également dû faire face à de multiples menaces tant humaines que naturelles.

porte taroudant-rempartsLes premières modifications des remparts ont lieu dès le XIIè siècle, alors que la ville est sous domination almohade, puis sous le règne des Mérinides au XIIIè siècle et contribuent dans un premier temps à une meilleure fortification des remparts. Suite à la destruction de la ville en 1306, la grande muraille du Maroc doit cependant renaître de ses cendres. Ce sont les fondateurs de la dynastie sâadienne qui, faisant de Taroudant la première capitale sâadienne avant Marrakech, redonne une seconde vie aux remparts. Pour faire face à l’accroissement notable de la population roudanie, les Sâadiens finissent même par percer sept nouvelles portes voutées d’architecture mauresque, en plus des cinq déjà existantes. Taroudant semble alors devenir une véritable citadelle imprenable mais ses remparts continueront d’être soumis à rude épreuve. De l’emploi d’artillerie aux guerres, en passant par l’humidité naturelle de la ville et par le séisme d’Agadir du 29/02/1960 qui provoqua de nombreux cisaillements entrainant l’ouverture de fissures dans les murs, les remparts de Taroudant ont en effet maintes fois été éprouvés. Pourtant, grâce aux nombreuses rénovations entreprises, notamment celles entrant dans le cadre du plan de revalorisation des villes antiques, cette édification peut continuer de nous raconter son histoire. C’est en effet en protégeant notre patrimoine qu’on peut définitivement lui permettre de traverser le temps.