THIERRY VERNET OU LA VISION D’UN PEINTRE VOYAGEUR

Caroline et Éric Freymond rendent hommage à Thierry Vernet à travers une exposition personnelle de peintures, dessins, correspondances et objets de l’artiste. « Dans la lumière et la vision d’un peintre voyageur » exposée à l’Espace Muraille du 24 septembre au 21 novembre 2020 plongera les visiteurs dans un voyage historique, en 1953, lorsque deux jeunes genevois décident de parcourir le monde à bord d’une Fiat Topolino.

ÉTÉ 1953 : Thierry Vernet et Nicolas Bouvier, deux jeunes amis âgés respectivement de 26 et 25 ans décide d’entreprendre un tour du monde par la route des Indes.

JUIN 1953. Genève : Thierry Vernet embarque seul pour la Yougoslavie où il prévoit d’exposer. Il peint sur les routes pour préparer l’exposition yougoslave à Belgrade prévue en août.

JUILLET 1953. Belgrade : Nicolas Bouvier rejoint son fidèle compagnon à bord de la célèbre Fiat Topolino qui les conduira jusqu’au bout du monde.

DE 1953 À 1954 : Long périple de près de deux ans entrainant les deux compères dans un voyage exceptionnel et riche de découvertes durant lequel, chemin faisant, le tandem Vernet-Bouvier apprendra du monde, de leurs rencontres, des gens et de leurs mœurs…

SEPTEMBRE 2020 : Embarquez à votre tour à bord de la Topolino le temps d’une exposition et découvrez l’univers de Thierry Vernet. Des dessins et manuscrits originaux du fameux voyage de l’artiste aux côtés de Nicolas BOUVIER prêtés par la bibliothèque de Genève complèteront le catalogue.

Doug Aitken et sa maison mirage

C’est à Gstaad dans les Alpes Suisses que l’artiste californien Doug Aitken a élu domicile pour sa maison itinérante Mirage Gstaad.

L’artiste américain est artiste multimédia ; il allie différentes technologies et médias pour créer des œuvres qui se veulent à la fois modernes et poétiques.

En 1999, à la biennale de Venise, il a été récompensé pour son œuvre Electric Earth.

La maison Mirage de Doug Aitken est l’illustration du travail de l’artiste. En effet, il aime raconter des histoires via ses œuvres comme tout artiste, mais il a en plus la particularité de mêler différents média et technologies pour créer des environnements plus originaux les uns que les l’autres. Doug Aitken aime faire tomber les barrières entre les différents domaines artistiques, et ne se restreint pas à un aspect de l’art contemporain. Ce qui a alors l’avantage de rendre ses œuvres plus vivantes et donc plus attractives.

Ainsi, le spectateur ou le visiteur devient élément à part entière des différents travaux de l’artiste. C’est le cas pour sa réalisation à New York sur le mur du  MoMa Sleepwalkers de 2007.L’œuvre est interactive dans le sens où elle perçoit le nombre de spectateurs et adapte les sons et images en fonction de l’affluence.

Cette année et pour une durée de deux ans (jusqu’en janvier 2021), la petite maison Mirage de Doug Aitken est installée sur les hauteurs de Gstaad, dans les Alpes suisses, à 1200m d’altitude. Construite sur le modèle des cabanes de l’ouest américain, elle a une ossature en bois et en acier. Des miroirs en aluminium recouvrent l’extérieur de la maison et une grande partie des murs intérieurs.

Cette œuvre permet à des milliers de touristes de découvrir une vision de la maison différente en fonction des jours et des heures de visite. En effet, le Mirage Gstaad est né du désir de créer une œuvre évolutive : la maison n’est jamais la même. Elle change en fonction de différents facteurs : l’heure de la journée, de la lumière, des visiteurs ou de la météo.

La multitude de miroirs permet à la petite maison sur la montagne d’absorber et de refléter le paysage. Mais alors pourquoi maison « mirage » ?… Tout simplement parce que lorsqu’on cherche à la contempler de loin, elle devient invisible.

Le concept de Doug Aitken est en fait de refléter l’environnement dans lequel le Mirage prend place : la première version a été ouverte dans le désert américain à Palm Springs, ensuite l’artiste a installé la deuxième maison mirage dans une ancienne banque à Detroit en prenant soin d’ajuster sa structure et son architecture afin d’obtenir un meilleur rendu en fonction du lieu et de refléter dans les meilleures conditions le paysage pour habiller les murs miroir. C’est dans son troisième lieu en Suisse, sur la montagne Videmanette, que Doug Aitken a voulu installer sa maison kaléidoscopique. Ici, l’artiste a su mettre en avant l’écrin naturel helvétique dans lequel il a installé son Mirage. Il met en évidence le spectacle quotidien de la nature qui est loin de lasser les innombrables visiteurs.

Si le cœur vous en dit, et après une petite randonnée d’un quart d’heure, vous avez la possibilité de visiter la maison, uniquement accessible à pieds, la route y menant ayant été fermée depuis son installation à Gstaad. Elle est ouverte tout au long de l’année à l’adresse suivante ; Löchlistrasse 26 3778 Schönried.

Arik Lévy: l’Espace Muraille oscille entre dépendance et indépendance

Arik Lévy est un artiste pluridisciplinaire israélien né à Tel-Aviv en 1963. On peut retrouver sa signature dans le domaine de la photo, la vidéo, le design ou encore de la sculpture. Il arrive à Paris en 1992 et c’est alors qu’il fonde son studio de design. Il travaille également sur les mises en scènes pour différents opéras, comme par exemple Flamma Flamma en Belgique, et dans le domaine de la danse contemporaine pour le Grand Théâtre de Genève. Cet artiste a également été en 1993 concepteur de mobilier pour les accès à la RATP de Paris.

En tant que sculpteur, Arik Lévy s’inspire de formes et de matériaux bruts. Pour lui, « le monde est fait de gens, pas d’objets » et «  la vie est un système de signes et de symboles » « où rien n’est tout à fait ce qu’il paraît être », d’où la place accordée à ses créations. D’ailleurs, ses œuvres ont pour point commun de mettre en relief une certaine stature imposante, une abstraction épurée et la présence de la nature dans le choix des matériaux ; elles sont articulées les unes entre les autres de façon géométrique et minutieuse. On les retrouve à travers le monde dans différentes galeries et musées pour des expositions temporaires, mais également de façon permanente dans certains lieux publics comme c’est le cas à l’Ermitage-Moscou, œuvre la plus visitée et la plus réputée des musées russes.

En janvier 2020, c’est à l’Espace Muraille qu’Arik Lévy a posé ses Œuvres d’art. Son exposition « Indépendance » a démarré le 28 janvier 2020 et elle a été prolongée jusqu’au 27 juin 2020 en raison de la crise sanitaire.

Conçue comme un dialogue avec le lieu qu’est l’Espace Muraille, c’est à travers cette exposition que l’artiste se questionne sur les concepts de dépendance et d’indépendance. Le but de l’homme est la recherche de l’indépendance, de liberté, mais en même temps il part en quête d’une personne avec qui faire sa vie, pour atteindre un but précis, dans un lieu précis. Nous sommes donc indépendants dès lors que nous faisons nos choix, mais par la suite, nous sommes dépendants de ce même choix. C’est comme cela qu’Arik Lévy explique le lien indissoluble entre liberté et dépendance. Ses œuvres expriment ces deux concepts à travers de multiples facettes. Ainsi, l’artiste a exprimé le désir de changer les dimensions de la galerie en jouant sur l’échelle et la proportion des différentes œuvres exposées. A travers cette exposition, Arik Lévy entend élargir le lieu même de l’Espace Muraille et écarter les murs entre lesquels sont installées ses œuvres. C’est une véritable invitation à la découverte de son travail multidimensionnel.

Dernier week-end pour profiter de cette exposition à l’Espace Muraille !

Portes ouvertes Art en Vieille Ville de printemps 2020

À Genève, le retour à la vie artistique après confinement est marqué par les fameuses portes ouvertes Art en Vieille Ville les 11, 12 et 13 juin prochains.

Une publication Facebook aujourd’hui nous annonce déjà la participation de l’Espace Muraille à l’événement avec l’exposition « Independence » d’Arik Lévy, dont le calendrier bouleversé par le confinement affiche un prolongement jusqu’au 27 juin. Une vidéo filmée par l’association Art en Vieille Ville et visible sur la page Facebook de l’Espace Muraille nous offre un avant-goût de cette exposition qui tend à nous faire osciller entre « dépendance » et « indépendance ».

L’art contemporain en visites guidées

geneve.art

Ce samedi 1er février 2020, l’association Art en Vielle-Ville (AVV) s’est vue organiser une série de visites guidées dans la vieille ville de Genève.

Cette initiative, partie de l’idée de rendre la Vielle-ville de Genève attractive d’un point de vue artistique, a permis aux amateurs d’art, collectionneurs (professionnels ou non) de venir, sur inscription, à la rencontre de la Vielle-Ville de Genève à travers un parcours guidé dans les différentes galeries d’art contemporain.

Pour l’occasion, les galeries membres de l’association AVV ont ouvert leurs portes pour présenter leurs plus belles œuvres et arborer des thèmes allant de l’Antiquité au Proche Orient, en passant par l’art moderne, la sculpture et bien d’autres encore.

Deux visites guidées ont été proposées aux participants : une première à 11 heures puis une seconde à 14 heures.

Chaque visite invitant à la découverte de trois galeries exceptionnelles, ce sont au total six galeries qui se sont livrées aux visiteurs ce samedi 1er février :

  • L’Espace Muraille, membre récent de l’association Art en Vieille Ville n’a bien sûr pas manqué au rendez-vous. Caroline et Éric Freymond ont ouvert les portes de leur galerie nichée dans leur vieil immeuble particulier du XXVIIIème siècle, aux visiteurs accompagnés  l’historienne de l’art prévue pour l’évènement.

 

  • La Galerie Gagosian créée en 1979 par Larry Gagosian, se situe au cœur de Genève dans un immeuble style Art Déco datant de 1931

 

  • La Galerie Patrick Gutknecht inaugurée en 2000 par Patrick Gutknecht qui a souhaité y montrer sa passion pour les arts du XXème siècle et les cannes anciennes. On y trouve de nombreuses œuvres d’art, allant de meubles anciens de collection à des pièces d’après-guerre. P. Gutknecht a fait le choix d’exposer des artistes de renom comme Willy Rizzo mais également des œuvres anonymes pour lesquelles il a eu un coup de cœur.

 

  • La Galerie Rosa Turetsky date du début des années 80. Au départ, ce lieu a pour ambition de développer les échanges entre artistes suisses et ceux du reste de l’Europe. Puis dans les années 2000, Rosa Turetsky se lance le défi de faire dialoguer les différentes générations d’artistes, en introduisant aussi des nouvelles technologies dans son espace d’exposition.

 

  • La galerie Sonia Zannettacci réserve une place importante à la photographie avec des expositions consacrées à des grands noms tels que Erwin Blumenfeld, Man Rey ou Manuel Alvarez Bravo. Sonia Zannettacci a une préférence pour les thèmes artistiques tels que le surréalisme, le nouveau réalisme et la figuration mais elle n’exclut pas d’autres courants pour lesquels elle y trouve un certain intérêt.

 

  • La Galerie Gowen Contemporary, anciennement « Faye Fleming and Partner », s’est installée en Vieille Ville de Genève en 2012. L’objectif de Laura Gowen est d’encourager les échanges culturels entre les artistes, écrivains, musées et galeries suisses avec l’Europe et les États-Unis. Elle se veut ouverte à toutes les formes d’art et s’appuie sur une approche quelque peu expérimentale par laquelle la démarche de chaque artiste exposé et présenté est mise en avant.

Week-End Art Genève, édition 2019

Comme chaque année en novembre, le temps d’un week-end, les galeries et institutions membres de l’association Genève Art Contemporain, en collaboration avec le Quartier des Bains, ouvriront leurs portes au grand public. Rencontres, vernissages, animations… Le week-end Genève Art Contemporain offre la possibilité d’aller à la découverte des galeries et institutions genevoises pour une programmation toujours plus riche et éclectique chaque année.

Parmi les institutions qui vous attendront ce 16 et 17 novembre, de 11h à 18h :

– Andata Ritorno

– Centre d’Art Contemporain Genève
– Centre d’édition contemporaine
– Centre de la photographie Genève
– De Jonckheere
– Galerie Laurence Bernard
– Galerie Patrick Cramer
– Galerie Mezzanin
– Galerie Alexandre Mottier
– Galerie Joy de Rouvre
– Galerie Le Salon Vert
– Galerie Patrick Gutknecht
– Galerie Rosa Turetsky
– Gowen Contemporary
– La Ferme de la Chapelle
– MAH – Musée d’art et d’histoire
– MAMCO
– Musée Ariana
– RIBORDY THETAZ
– SKOPIA Art contemporain
– Wilde
– Xippas

Le MEG fête ses 5 années de réouverture

Voilà déjà 5 ans que le nouveau Musée d’Ethnographie de Genève (MEG) a ouvert ses portes.

GenèveActive.ch

Crée en 1901 par le professeur Eugène Pittard, le musée d’ethnographie fut rapidement installé et confiné dans une ancienne école du boulevard Carl-Vogt qui ne déjà convenait guère à l’usage qu’on lui attribuait.

livreshebdo.fr

Le 1er novembre 2014, après quatre ans de fermeture et d’importantes rénovations, le MEG dévoilait enfin pour la première fois son infrastructure ambitieuse et contemporaine, à la hauteur de ses missions de conservation, de recherche et de diffusion du patrimoine ethnographique genevois. Le MEG de Genève c’est en effet cinq continents et plus de 1500 cultures qui sont représentés. La nouvelle architecture audacieuse conçue par le bureau Graber Pulver Architekten AG a permis de multiplier par quatre sa surface d’exposition en aménageant notamment une salle d’exposition de plus de 2000 mètres carrés d’un seul tenant en sous-sol.

Ce samedi 2 novembre, pour ses 5 ans de réouverture, le MEG a souhaité se dévoiler sous un nouvel angle. Les visiteurs auront l’occasion de passer dans les coulisses du MEG, de découvrir les espaces et activités habituellement inaccessibles au public.

Et pour aller plus loin encore, le MEG vous offre la possibilité de vous glisser dans la peau d’un muséologue. Non seulement les collaborateurs du MEG vous dévoileront les secrets de fabrication d’une exposition mais vous pourrez également vous essayez vous-même aux différents métiers du Musée. En apportant votre propre objet, vous lui ferez vivre le parcours suivi par chaque objet à son arrivée au MEG. Des ateliers ludiques vous amèneront à découvrir comment retrouver l’origine de votre objet, son usage, sa valeur ou encore comment le valoriser, le socler, lui réaliser une scénographie et l’inventorier en lui créant sa propre fiche.

FIAC 2019 : Plus de 74 500 entrées en cinq jours

art-agenda.com

Citrouille à pois noirs, machines à barbes à papa géantes…non ce sujet ne traitera pas de la prochaine fête d’Halloween mais bien de la Foire Internationale d’Art Contemporain.

Life of Pumpkin Recites, Yayoi Kusama (lefigaro.fr)

Œuvre insolite de la place Vendôme: une sculpture gonflable en forme de citrouille de dix mètres de haut sur dix mètres de diamètre. Cette installation d’envergure ornée de pois noirs et exposée par l’avant-gardiste japonaise de 90 ans, Yayoi Kusama, montre son attachement à ce légume qu’elle considère mal-aimé à tort. Une sculpture qui a su faire beaucoup parler d’elle. En revanche peu nombreux sont ceux qui pourront se vanter d’avoir fait face à cette citrouille géante, puisqu’en raison de la pluie, elle dû être retirée dès le 17 octobre. Autre œuvre très attractive de cette 46ème édition de FIAC, les cinq grandes machines à barbes à papa de Vivien Roubaud. Installée devant le Grand Palais, cette œuvre comestible a su faire la joie des gourmands et des curieux.

Sucre Cristal n°3, Vivien Roubaud (francebleu.fr)

Cette année encore la FIAC a su surprendre et attirer de nombreux visiteurs venus du monde entier. Avec une hausse de la fréquentation de 2,87% par rapport à 2018, ce ne sont pas moins de 74 580 entrées qui se sont écoulées en cinq jours.

Du 17 au 20 octobre,  la FIAC 2019 a accueilli 199 galeries issues de 29 pays. Comme dans les éditions précédentes, six lieux qui ont été investis pour cette grande foire incontournable de l’agenda parisien : le Jardin des Tuileries, la place de la Concorde, la Place Vendôme, le musée Delacroix, le Petit Palais et l’Avenue Winston Churchill.

Art en Vieille Ville vous accueille pour ses vernissages communs d’automne 2019

insgain.com

Nous y voilà ! L’automne s’installe progressivement sur la ville de Genève. Le ciel succombe peu à peu aux différentes nuances de gris tandis que les feuilles se parent de mille couleurs flamboyantes. Un contraste de couleurs qui plante le décor parfait pour accueillir les vernissages communs d’automne organisés chaque année par l’association Art en Vieille Ville. Ce jeudi 26 septembre, l’ouverture de la 26èmeédition de ce rendez-vous culturel genevois, offrira une fois encore au public l’occasion de découvrir de grandes expositions tout en se promenant dans la vieille ville de Genève.

Chaque galerie membre de l’association AVV dévoilera ses plus belles œuvres dans le cadre d’expositions thématiques ou monographiques. L’Espace Muraille qui a rejoint cette année les rangs d’AVV, nous invitera à découvrir l’artiste céramiste japonais Masamichi Yoshikawa autour d’une exposition intitulée Sola Tobu Izumi (Printemps volant dans le ciel)

S’ensuivra une journée portes ouvertes le samedi 28 septembre, durant laquelle les galeries membres accueilleront les visiteurs de 11H à 17h. Et pour ne rien manquer, laissez-vous entrainer par une visite commentée des expositions en compagnie de Paula Rey, historienne de l’Art, le long d’un parcours artistique convivial.

Masamichi Yoshikawa, le céramiste japonais contemporain expose à l’Espace Muraille

Aujourd’hui célèbre pour ses pièces architecturées en porcelaine couverte d’une céladon bleu pâle, Masamichi Yoshikawa a pourtant commencé par étudier le design à l’institut de Design du Japon. Il exercera le métier de designer quelques années pour finalement s’installer à Tokoname, ville qui abrite l’un des six anciens fours du Japon. A Tokoname, les vastes gisements d’argile rouge aux alentours ont permis la floraison de nombreux ateliers fabriquant des grès non émaillés cuits à haute température. Mais Masamichi Yoshikawa , lui, n’est pas attiré par l’argile rouge et il nous explique pourquoi :

« Ici, à Tokoname, la terre utilisée est rouge (shudei), cuite à haute température, elle donne un très beau grès, les yakishime. Pendant des siècles, les potiers d’ici ont fait principalement des objets utilitaires, de la vaisselle et des matériaux de construction. Quand je me suis installé́ à Tokoname City en 1970, j’avais 24 ans et un diplôme de designer en poche, c’était pour concevoir des objets destinés à la Scandinavie. J’ai continué cette activité quelques années, puis j’ai rejoint l’atelier de Yoshan Yamada, un céramiste influent de la ville.

Les années 1970 ont été, ici comme dans beaucoup d’endroits du monde, une période d’intense interrogation sur l’esthétique. Je ne crois pas que les artistes japonais soient des intellectuels comme en Occident, notre quête n’est pas conceptuelle. En revanche, nous nous sommes posés beaucoup de questions sur la qualité des formes dans l’espace. Finalement la création céramique s’est imposée à moi, parce qu’elle me permettait de laisser libre cours à tous mes sens, à la participation de mon corps tout entier conjuguée à celle de mon esprit.

Je suis né en 1946 à Furasato dans le district de Chigasaki, non loin de Tokyo. Je me souviens avec plaisir de mon enfance et des expériences que j’ai vécues. Petit, j’aimais jouer dans les bois et les odeurs de la terre et de la nature me reviennent instantanément quand j’y repense. J’attrapais des poissons dans les rivières, courais le long des sentiers, m’asseyais sur les rochers, regardais les rizières, avec déjà l’impression d’appartenir intégralement à un tout, et sans en avoir vraiment conscience, j’utilisais mes cinq sens pour découvrir et comprendre le monde qui m’accueillait. Je m’enivrais de la nature ou plutôt de ma propre existence au sein de celle-ci. Aujourd’hui parfois, je me pose la question de savoir pourquoi j’ai choisi cette matière ou cette forme, c’est ma perception et mes sensations qui me l’ont dicté. {…} Je mets beaucoup de moi-même dans mes réalisations. J’y pense sans cesse, chaque chose m’inspire: un paysage, une œuvre d’art ancienne, un monument {…} Le bleu, ce fut comme une illumination. Dans cette région, tout le monde fabrique des grès en cuisson yashikime. J’ai commencé à travailler le grès rouge avec Yoshan Yamada, mais cette terre ne me plaisait pas vraiment, alors j’ai préféré opter pour le blanc de la porcelaine qui, comme la feuille de papier, permet le décor. Le hakuji (blanc), le sei hakuji (blanc bleuté) me convenaient mieux. Les pièces chinoises des Song du Nord exercent sur moi une évidente fascination, elles sont considérées à raison comme le sommet, l’apogée de la céramique chinoise. Elles se sont imposées d’elles-mêmes, ainsi que les pièces coréennes de la dynastie des Yi, comme l’exemple qu’il me fallait suivre. C’était ça et rien d’autre que je voulais faire.»

Extrait de La revue de la céramique et du verre, N°162 septembre-octobre 2008, pp 31-32

Retrouvez Masamichi Yoshikawa à l’Espace Muraille de Caroline et Eric Freymond du 20 septembre au 23 novembre pour une exposition intitulée Sola Tobu Izumi (Printemps volant dans le ciel).